Dans le petit matin frisquet, avant que le campement ne s’éveille, j’ouvre les yeux. Tout est bien, à sa place, et j’assiste à la naissance du jour, perchée sur une dune. Le soleil pointe entre deux rochers, au loin, rond comme la terre. Tout se fond dans la douce clarté d’un matin nouveau.
Les fils de l’obscurité s’étirent et ne laissent derrière eux que le silence des rêves.
En moi, s’élève une prière qui salue l’éclosion de l’éternel recommencement, la promesse d’une espérance, d’un enthousiasme, comme une bénédiction. La peau frémit dans la fraîcheur matinale et les yeux cherchent et captent la paix d’une aube pleine de mon devenir. Le soleil rougeoit tout là-bas et des paillettes de feu embrasent l’horizon. Mais je ne sais encore rien du désert.
Et pourtant, aujourd’hui, je me sens neuve, lavée de toute trace de civilisation. Je commence à devenir sable, soleil, nomade … je commence à me noyer dans ce « rien ».
Je veux être du désert ; je veux être comme Lella, percevant l’imperceptible. Son univers est intérieur et son regard en est le miroir. Il est le prince d’un royaume sans limites, dans le grand vent du monde. Il est la brise dans le brouhaha des hommes, musique du monde.
Son silence est transparent et son souffle m’entraîne dans cet abîme qui me fascine et m’emporte au loin, si loin.
Le petit déjeuner est vite avalé et depuis quelques jours, j’apprends à baraquer les chameaux et à les charger. Les charges sont lourdes, mais je veux y arriver. Il faut deux chameliers pour un chameau. Les grosses cordes râpeuses me scient les mains dont les ongles ont déjà la couleur du désert ! Il faut bien équilibrer les sacs, et chaque chose a sa place. J’ai l’impression que tous les nœuds s’enchevêtrent alors que tout est pensé et coordonné. Passer la courroie sous la panse du chameau m’inquiète un peu, mais non, il ne bouge pas, pas plus quand il faut retirer celle sous la queue ! Quatre fois par jour, nous accomplissons ces gestes et petit à petit, ils deviennent plus sûrs et les chameliers me font confiance, … même s’ils vérifient la solidité des nœuds ! Ils m’appellent la « chamelière du désert » ! et je m’apercevrai au fil des circuits que le téléphone arabe n’est pas une légende ! Dans les différents campements traversés ou au gré des rencontres, chaque nomade sait qui je suis … la dame blanche qui s’occupe des chameaux ! Quand j’accompagnerai des groupes et que le nombre des chameaux augmente considérablement, je file aider les chameliers et tous rient de me voir au milieu de cet attroupement, courant d’un chameau à l’autre, donner un coup de main. Je pense avoir passé avec brio le CAP de chamelière et même le BP !!
Et nous voilà partis pour une ènième journée de marche.
A l’heure de la pause, après le repas, je pars me promener dans les dunes.
Prière sans nom dans ce ciel azur. Heures pleines et voluptueuses où je me sens baignée d’une grande paix intérieure. Je sais pourquoi je suis là. Je sais que je reviendrai. Le temps s’est effacé ; le temps est mort. Je suis ce sable et ce désert. J’existe, je vis.
Arrivée au campement après une balade en chameau, autour d’un feu pour un moment de détente, Lella et moi essayons de parler français. Tout est calme et serein. Près de nous, un campement de nomades. Un minuscule village de tentes, perdu dans l’immensité écrasée de solitude … la grand-mère de Lella habite là et il nous quitte pour passer la soirée en famille.
Après cette nuit humide et glaciale, nous marchons dans les dunes. Nous allons au puits remplir les jerricanes : eau, genèse et symbole de vie. L’eau est là, discrète au fond du puits. Presque inexistante, elle se laisse désirer avant de s’évanouir.
Le soir, je prolonge ces instants magiques avec mes amis autour d’un feu, buvant du thé qui m’empêche de dormir !
Les fils de l’obscurité s’étirent et ne laissent derrière eux que le silence des rêves.
En moi, s’élève une prière qui salue l’éclosion de l’éternel recommencement, la promesse d’une espérance, d’un enthousiasme, comme une bénédiction. La peau frémit dans la fraîcheur matinale et les yeux cherchent et captent la paix d’une aube pleine de mon devenir. Le soleil rougeoit tout là-bas et des paillettes de feu embrasent l’horizon. Mais je ne sais encore rien du désert.
Et pourtant, aujourd’hui, je me sens neuve, lavée de toute trace de civilisation. Je commence à devenir sable, soleil, nomade … je commence à me noyer dans ce « rien ».
Je veux être du désert ; je veux être comme Lella, percevant l’imperceptible. Son univers est intérieur et son regard en est le miroir. Il est le prince d’un royaume sans limites, dans le grand vent du monde. Il est la brise dans le brouhaha des hommes, musique du monde.
Son silence est transparent et son souffle m’entraîne dans cet abîme qui me fascine et m’emporte au loin, si loin.
Le petit déjeuner est vite avalé et depuis quelques jours, j’apprends à baraquer les chameaux et à les charger. Les charges sont lourdes, mais je veux y arriver. Il faut deux chameliers pour un chameau. Les grosses cordes râpeuses me scient les mains dont les ongles ont déjà la couleur du désert ! Il faut bien équilibrer les sacs, et chaque chose a sa place. J’ai l’impression que tous les nœuds s’enchevêtrent alors que tout est pensé et coordonné. Passer la courroie sous la panse du chameau m’inquiète un peu, mais non, il ne bouge pas, pas plus quand il faut retirer celle sous la queue ! Quatre fois par jour, nous accomplissons ces gestes et petit à petit, ils deviennent plus sûrs et les chameliers me font confiance, … même s’ils vérifient la solidité des nœuds ! Ils m’appellent la « chamelière du désert » ! et je m’apercevrai au fil des circuits que le téléphone arabe n’est pas une légende ! Dans les différents campements traversés ou au gré des rencontres, chaque nomade sait qui je suis … la dame blanche qui s’occupe des chameaux ! Quand j’accompagnerai des groupes et que le nombre des chameaux augmente considérablement, je file aider les chameliers et tous rient de me voir au milieu de cet attroupement, courant d’un chameau à l’autre, donner un coup de main. Je pense avoir passé avec brio le CAP de chamelière et même le BP !!
Et nous voilà partis pour une ènième journée de marche.
A l’heure de la pause, après le repas, je pars me promener dans les dunes.
Prière sans nom dans ce ciel azur. Heures pleines et voluptueuses où je me sens baignée d’une grande paix intérieure. Je sais pourquoi je suis là. Je sais que je reviendrai. Le temps s’est effacé ; le temps est mort. Je suis ce sable et ce désert. J’existe, je vis.
Arrivée au campement après une balade en chameau, autour d’un feu pour un moment de détente, Lella et moi essayons de parler français. Tout est calme et serein. Près de nous, un campement de nomades. Un minuscule village de tentes, perdu dans l’immensité écrasée de solitude … la grand-mère de Lella habite là et il nous quitte pour passer la soirée en famille.
Après cette nuit humide et glaciale, nous marchons dans les dunes. Nous allons au puits remplir les jerricanes : eau, genèse et symbole de vie. L’eau est là, discrète au fond du puits. Presque inexistante, elle se laisse désirer avant de s’évanouir.
Le soir, je prolonge ces instants magiques avec mes amis autour d’un feu, buvant du thé qui m’empêche de dormir !