A l'approche de Chinguetti, mon coeur se serre.
Chinguetti se meurt sous les dunes. Malade du désert, elle se bat pour vivre, balayant chaque jour ces vagues de sable qui la submergent. Chinguetti est belle; Chinguetti resplendit. Chinguetti résonne de vie … mais le bruit m'agresse.
Mon rêve se termine. Je me sens perdue.
Nous voici arrivés à la fin de notre voyage, de notre rencontre.
Nous nous disons « au-revoir » des yeux, le chèche cachant les stries de l'âme.
Nous nous retournons une dernière fois sur le chemin de notre désert et notre regard enveloppe l'immensité.
Nous portons les doigts aux lèvres pour murmurer « choukran » puis sur notre coeur, emprisonnant à jamais nos souvenirs.
Silencieusement, nous accrochons nos yeux au-delà du temps.
Doucement, nous plongeons l'un dans l'autre pour nous noyer dans notre rêve.
L'un près de l'autre, nous écoutons la nostalgie nous envahir.
Du bout des doigts, je caresse l'aurore.
Du bout des lèvres, je caresse le désert.
Du bout du coeur, je caresse l'absence.
Qui le premier détourne le regard pour disparaître au creux de l'autre ?
Qui le premier se détourne pour l'adieu ?
Dans le respect profond de l'autre, nos coeurs s'unissent en une dernière prière, jurant silencieusement de ne jamais rien oublier.
Tout est inscrit dans la mémoire de l'âme.
Cadeau unique au milieu du sable, au milieu de nulle part.
Seule dans ma chambre, la nuit est longue. Mes amis me manquent, le désert me manque.
J'étouffe … j'ai envie de partir, de fuir. Je sors contempler le ciel, mais les étoiles ont cessé de briller. Je me sens prisonnière après avoir bu le calice de la liberté. Je suis désert … je suis devenue nomade.
Le désert est miracle … les 4x4 nous ont oubliés.
Des bribes de temps sous les étoiles, et nos pas reprennent le chemin des dunes.
Nos mots sont muets.
Marcher pour renouer avec la vie; marcher pour nous retrouver; marcher pour nous oublier.
Et s'arrêter, regarder longuement le miroir qui retient les visages, ellipse magique d'un instant.
Et sentir un goût de sable, un goût de vent, un goût d'ailleurs, déposé doucement, comme une prière sur l'infini du désert.
Un morceau de ciel pour nous envelopper.
Un morceau d'immensité pour étendre l'ombre de notre liberté.
Nos yeux s'accrochent et vont mourir dans l'adieu.
Mouvance des lumières dans la cage des pensées.
… Gouttes de pluie dans le désert …
Leur djellaba bleue disparaît, telle une oasis dans ma vie.
Leur chèche noir disparaît, tel un mirage dans mon âme.
… Ils ne se retournent pas …
Chinguetti s’éloigne ; devant moi, les pistes qui m’emportent loin de mon rêve. Un dernier regard sur ce qui fut, ne sachant pas quand je reviendrai.
Nous partons en 4x4 pour Choum et son train de deux kilomètres de long, le plus grand train du monde, locomotives et wagons compris. Il transporte du minerai de fer de Zouerate, en plein cœur du désert, à Nouadhibou, sur l’Atlantique. Je fais connaissance d’Aïssa, mon nouveau guide, qui a pour mission de me faire découvrir le Banc d’Arguin. Embarquement sauvage par les portes et fenêtres ! c’est irréaliste !
Douze heures dans ce train de nuit pour rejoindre Nouadhibou. Un unique wagon-voyageurs (quel grand mot !) avec six couchettes et des toilettes plus que rudimentaires pour recevoir quelques touristes. Un trou dans le plancher et une forte odeur d’urine qui vous prend à la gorge !! Pas d’électricité. Nuit noire assurée. Nous pique-niquons de pain et de sardines à la lueur des frontales et nous installons pour la nuit : ce sera par terre. Tout semble irréel. Le train troue l’obscurité. La fatigue se fait lourde mais impossible de dormir. Par trois fois, un long freinage et on a l’impression que tous les wagons sont s’empiler. Impossible de déceler ce qui se passe : ils doivent décharger des marchandises ou peut-être des mauritaniens qui font ce long trajet dans les wagons à minerai. Pour eux, c’est un voyage gratuit mais exténuant. Le wagon est poussiéreux, portes et fenêtres bouchées par l’amoncellement de particules diverses. Le chèche est indispensable pour tenter de respirer correctement. Je converse avec Aïssa. Cette nuit est surprenante, imprévisible dans ce train. L’arrivée est encore plus irréaliste dans le froid de Nouadhibou … débarquement de tous ces mauritaniens, pétrifiés par la nuit glaciale qu’ils ont passée accroupis dans le wagon de minerai, accompagnés de chèvres, de marchandises, de sacs … Pour nous, un taxi qui nous emmène à l’hôtel où une douche chaude est enfin la bienvenue.
Puis nous partons pour le Cap Blanc à la recherche du phoque moine. Mais l’océan garde son mystère ; de phoque, point.
Falaises et plage se marient dans le vent et le sable.
Balade tranquille et soirée à discuter avec Aïssa. La nuit est courte ; à cinq heures, le muezzin chante. Le jour commence.
Chinguetti se meurt sous les dunes. Malade du désert, elle se bat pour vivre, balayant chaque jour ces vagues de sable qui la submergent. Chinguetti est belle; Chinguetti resplendit. Chinguetti résonne de vie … mais le bruit m'agresse.
Mon rêve se termine. Je me sens perdue.
Nous voici arrivés à la fin de notre voyage, de notre rencontre.
Nous nous disons « au-revoir » des yeux, le chèche cachant les stries de l'âme.
Nous nous retournons une dernière fois sur le chemin de notre désert et notre regard enveloppe l'immensité.
Nous portons les doigts aux lèvres pour murmurer « choukran » puis sur notre coeur, emprisonnant à jamais nos souvenirs.
Silencieusement, nous accrochons nos yeux au-delà du temps.
Doucement, nous plongeons l'un dans l'autre pour nous noyer dans notre rêve.
L'un près de l'autre, nous écoutons la nostalgie nous envahir.
Du bout des doigts, je caresse l'aurore.
Du bout des lèvres, je caresse le désert.
Du bout du coeur, je caresse l'absence.
Qui le premier détourne le regard pour disparaître au creux de l'autre ?
Qui le premier se détourne pour l'adieu ?
Dans le respect profond de l'autre, nos coeurs s'unissent en une dernière prière, jurant silencieusement de ne jamais rien oublier.
Tout est inscrit dans la mémoire de l'âme.
Cadeau unique au milieu du sable, au milieu de nulle part.
Seule dans ma chambre, la nuit est longue. Mes amis me manquent, le désert me manque.
J'étouffe … j'ai envie de partir, de fuir. Je sors contempler le ciel, mais les étoiles ont cessé de briller. Je me sens prisonnière après avoir bu le calice de la liberté. Je suis désert … je suis devenue nomade.
Le désert est miracle … les 4x4 nous ont oubliés.
Des bribes de temps sous les étoiles, et nos pas reprennent le chemin des dunes.
Nos mots sont muets.
Marcher pour renouer avec la vie; marcher pour nous retrouver; marcher pour nous oublier.
Et s'arrêter, regarder longuement le miroir qui retient les visages, ellipse magique d'un instant.
Et sentir un goût de sable, un goût de vent, un goût d'ailleurs, déposé doucement, comme une prière sur l'infini du désert.
Un morceau de ciel pour nous envelopper.
Un morceau d'immensité pour étendre l'ombre de notre liberté.
Nos yeux s'accrochent et vont mourir dans l'adieu.
Mouvance des lumières dans la cage des pensées.
… Gouttes de pluie dans le désert …
Leur djellaba bleue disparaît, telle une oasis dans ma vie.
Leur chèche noir disparaît, tel un mirage dans mon âme.
… Ils ne se retournent pas …
Chinguetti s’éloigne ; devant moi, les pistes qui m’emportent loin de mon rêve. Un dernier regard sur ce qui fut, ne sachant pas quand je reviendrai.
Nous partons en 4x4 pour Choum et son train de deux kilomètres de long, le plus grand train du monde, locomotives et wagons compris. Il transporte du minerai de fer de Zouerate, en plein cœur du désert, à Nouadhibou, sur l’Atlantique. Je fais connaissance d’Aïssa, mon nouveau guide, qui a pour mission de me faire découvrir le Banc d’Arguin. Embarquement sauvage par les portes et fenêtres ! c’est irréaliste !
Douze heures dans ce train de nuit pour rejoindre Nouadhibou. Un unique wagon-voyageurs (quel grand mot !) avec six couchettes et des toilettes plus que rudimentaires pour recevoir quelques touristes. Un trou dans le plancher et une forte odeur d’urine qui vous prend à la gorge !! Pas d’électricité. Nuit noire assurée. Nous pique-niquons de pain et de sardines à la lueur des frontales et nous installons pour la nuit : ce sera par terre. Tout semble irréel. Le train troue l’obscurité. La fatigue se fait lourde mais impossible de dormir. Par trois fois, un long freinage et on a l’impression que tous les wagons sont s’empiler. Impossible de déceler ce qui se passe : ils doivent décharger des marchandises ou peut-être des mauritaniens qui font ce long trajet dans les wagons à minerai. Pour eux, c’est un voyage gratuit mais exténuant. Le wagon est poussiéreux, portes et fenêtres bouchées par l’amoncellement de particules diverses. Le chèche est indispensable pour tenter de respirer correctement. Je converse avec Aïssa. Cette nuit est surprenante, imprévisible dans ce train. L’arrivée est encore plus irréaliste dans le froid de Nouadhibou … débarquement de tous ces mauritaniens, pétrifiés par la nuit glaciale qu’ils ont passée accroupis dans le wagon de minerai, accompagnés de chèvres, de marchandises, de sacs … Pour nous, un taxi qui nous emmène à l’hôtel où une douche chaude est enfin la bienvenue.
Puis nous partons pour le Cap Blanc à la recherche du phoque moine. Mais l’océan garde son mystère ; de phoque, point.
Falaises et plage se marient dans le vent et le sable.
Balade tranquille et soirée à discuter avec Aïssa. La nuit est courte ; à cinq heures, le muezzin chante. Le jour commence.