Partager la fatigue, qu’elle soit mienne ou nomade, et aller au-delà, malgré tout, pour avancer encore, installer le campement, et enfin prendre soin de nous. Partager la beauté par le regard, partager l’envie de dire avec les mains, partager les rires ; partager le désert et partager l’histoire de l’autre, en étant attentif et réceptif à l’autre …
Ce jour où je parcours, pendant cinq heures d’affilées, dans un grand vent de sable, un cordon dunaire m’encerclant de spirales irrespirables, où le chèche n’est qu’un faible rempart face aux tourbillons, où le regard ne peut accrocher que la djellaba des chameliers à quelques pas de moi …
Le vent qui étourdit, enivre, fatigue ; le vent qui chante fort le désert mais qui le laisse désirer … le vent qui ne laisse entrevoir que moi-même, un vent fou contre lequel je dois lutter pour progresser … le vent qui ne veut pas faiblir pour me laisser me désaltérer … le vent qui sèche les lèvres, les poumons, les yeux … le vent de sable qui noie les pas et les souvenirs, efface les jours de pierre et de damnation, pétrifie les pensées, balaie les tourments de la vie et purifie le devenir.
J’écoute les sons des tourbillons qui grondent et se déchaînent comme des monstres. La musique du vent nous enveloppe, nous dit de nous prendre par la main si nous voulons aller plus loin.
Le vent me murmure la beauté de ces paysages sans cesse renouvelés, me chuchote que nous sommes rires et tendresse au milieu des dunes argentées.
Le vent me crie que nous sommes seuls à marcher en ces lieux, yeux dans les yeux.
Et le vent me souffle de continuer à aimer pour apprendre à vagabonder sur le chemin des secrets.
Le vent qui psalmodie le chant monotone de l’infini, ourlant de notes graves et sourdes la partition de la vie.
Je l’apprivoise comme une danse volupté et j’erre de volutes en ombres tamisées, mariant les traces ensablées aux pas captivité. Le vent me parle encore et encore, de sa voix de stentor, avant de s’en aller mourir, avant d’avoir fini de me dire.
L’arrêt « pique-nique » me trouve déshydratée et « barbouillée ». Lella comprend mon mal-être physique et prépare le « srig » sans un mot, tranquillement. Je bois trois grandes jattes de cette préparation énergétique et mange un peu. Je regarde mes amis vaquer à leurs occupations. Au coucher du soleil, je me sens ragaillardie et le bivouac est un havre de paix, niché au creux d’une minuscule oasis. Il est bon de savourer ces instants de quiétude, quand la théière commence à chanter sur le feu de bois, que les reflets de la nuit inondent l’horizon de couleurs pourpres et que les sons s’éteignent pour ne laisser entendre que le silence. Je n’échangerai pour rien au monde, ces instants de pur abandon dans la grande vague des plaisirs où se mêlent l’odeur du désert, la chaleur des braises, les chants des nomades, la naissance de la nuit et les mots murmurés pour ne pas briser la magie.
Etourdie de bourrasques et de soleil, je n’ai pas sommeil.
Mes yeux captent les messages d’un territoire non sage qui dessine sur ses rivages l’ombre de mon visage.
J’emprisonne les désirs, paumes ouvertes sur les délires, n’existant que pour embellir ce qui ne saurait mentir.
Je me prends au piège des immenses filets dorés qui m’enferment au sein de leurs sortilèges, et sous la caresse du monde, j’atteins le merveilleux dans l’obscurité des cieux. J’étreins la galaxie des lumières insondables pour lui dire merci. Les paillettes mordorées m’éblouissent de mille reflets et je me noie dans les chuchotements que je retiens dans la vasque des doigts au sable sertis.
Que désirer d’autre que je ne possède ? Ma vie est là, tout entière à moi, en moi. Je ne peux m’échouer que sur ma propre vie. Je la sens palpiter en moi, comme un cri se répercutant en écho infini.
Que désirer d’autre qui ne me soit donné ? Cette terre secrète est le théâtre de ma vie, la scène de ma quête d’absolu et de ma soif de connaissance.
Que vouloir d’autre que je n’ai déjà ? Cette contrée lointaine où je me repose de ma vie est mon port d’attache qui ne me lie qu’avec moi-même. Patrie de tous les espaces, cette terre est ma terre car elle me permet de lire le livre de ma vie. Un livre grand ouvert sur des pages immaculées de rien ou seulement parsemées d’étincelles d’or ; un livre plein de rêves couleur nuit ; un livre où les images ne sont que des esquisses de la démesure.
L’élégance du désert, c’est de me laisser raconter ma vie, à mon rythme, sans précipitation, sans contraintes. Mon cahier de voyage est la lecture d’un désert exigeant comme un amant, qui m’apprend à mieux vivre, à mieux être. Je peux rester ainsi des heures durant, effleurant les épures de ma vie, ou au contraire, me laissant submerger par un torrent de visions d’un passé qui ne m’appartient plus.
Je prends la main du désert dans la mienne pour ne pas me perdre dans les coulisses de ma vie, pour abandonner toute obsession qui ne me lierait pas avec lui.
Ce jour où je parcours, pendant cinq heures d’affilées, dans un grand vent de sable, un cordon dunaire m’encerclant de spirales irrespirables, où le chèche n’est qu’un faible rempart face aux tourbillons, où le regard ne peut accrocher que la djellaba des chameliers à quelques pas de moi …
Le vent qui étourdit, enivre, fatigue ; le vent qui chante fort le désert mais qui le laisse désirer … le vent qui ne laisse entrevoir que moi-même, un vent fou contre lequel je dois lutter pour progresser … le vent qui ne veut pas faiblir pour me laisser me désaltérer … le vent qui sèche les lèvres, les poumons, les yeux … le vent de sable qui noie les pas et les souvenirs, efface les jours de pierre et de damnation, pétrifie les pensées, balaie les tourments de la vie et purifie le devenir.
J’écoute les sons des tourbillons qui grondent et se déchaînent comme des monstres. La musique du vent nous enveloppe, nous dit de nous prendre par la main si nous voulons aller plus loin.
Le vent me murmure la beauté de ces paysages sans cesse renouvelés, me chuchote que nous sommes rires et tendresse au milieu des dunes argentées.
Le vent me crie que nous sommes seuls à marcher en ces lieux, yeux dans les yeux.
Et le vent me souffle de continuer à aimer pour apprendre à vagabonder sur le chemin des secrets.
Le vent qui psalmodie le chant monotone de l’infini, ourlant de notes graves et sourdes la partition de la vie.
Je l’apprivoise comme une danse volupté et j’erre de volutes en ombres tamisées, mariant les traces ensablées aux pas captivité. Le vent me parle encore et encore, de sa voix de stentor, avant de s’en aller mourir, avant d’avoir fini de me dire.
L’arrêt « pique-nique » me trouve déshydratée et « barbouillée ». Lella comprend mon mal-être physique et prépare le « srig » sans un mot, tranquillement. Je bois trois grandes jattes de cette préparation énergétique et mange un peu. Je regarde mes amis vaquer à leurs occupations. Au coucher du soleil, je me sens ragaillardie et le bivouac est un havre de paix, niché au creux d’une minuscule oasis. Il est bon de savourer ces instants de quiétude, quand la théière commence à chanter sur le feu de bois, que les reflets de la nuit inondent l’horizon de couleurs pourpres et que les sons s’éteignent pour ne laisser entendre que le silence. Je n’échangerai pour rien au monde, ces instants de pur abandon dans la grande vague des plaisirs où se mêlent l’odeur du désert, la chaleur des braises, les chants des nomades, la naissance de la nuit et les mots murmurés pour ne pas briser la magie.
Etourdie de bourrasques et de soleil, je n’ai pas sommeil.
Mes yeux captent les messages d’un territoire non sage qui dessine sur ses rivages l’ombre de mon visage.
J’emprisonne les désirs, paumes ouvertes sur les délires, n’existant que pour embellir ce qui ne saurait mentir.
Je me prends au piège des immenses filets dorés qui m’enferment au sein de leurs sortilèges, et sous la caresse du monde, j’atteins le merveilleux dans l’obscurité des cieux. J’étreins la galaxie des lumières insondables pour lui dire merci. Les paillettes mordorées m’éblouissent de mille reflets et je me noie dans les chuchotements que je retiens dans la vasque des doigts au sable sertis.
Que désirer d’autre que je ne possède ? Ma vie est là, tout entière à moi, en moi. Je ne peux m’échouer que sur ma propre vie. Je la sens palpiter en moi, comme un cri se répercutant en écho infini.
Que désirer d’autre qui ne me soit donné ? Cette terre secrète est le théâtre de ma vie, la scène de ma quête d’absolu et de ma soif de connaissance.
Que vouloir d’autre que je n’ai déjà ? Cette contrée lointaine où je me repose de ma vie est mon port d’attache qui ne me lie qu’avec moi-même. Patrie de tous les espaces, cette terre est ma terre car elle me permet de lire le livre de ma vie. Un livre grand ouvert sur des pages immaculées de rien ou seulement parsemées d’étincelles d’or ; un livre plein de rêves couleur nuit ; un livre où les images ne sont que des esquisses de la démesure.
L’élégance du désert, c’est de me laisser raconter ma vie, à mon rythme, sans précipitation, sans contraintes. Mon cahier de voyage est la lecture d’un désert exigeant comme un amant, qui m’apprend à mieux vivre, à mieux être. Je peux rester ainsi des heures durant, effleurant les épures de ma vie, ou au contraire, me laissant submerger par un torrent de visions d’un passé qui ne m’appartient plus.
Je prends la main du désert dans la mienne pour ne pas me perdre dans les coulisses de ma vie, pour abandonner toute obsession qui ne me lierait pas avec lui.