Je marche avec mes amis pour m'oublier.
Mes pieds sont abîmés de trop de pierres, de sables, d'épines d'acacia, de soleil et de pas.
Je vais; sans mot, nous marchons. Muets, nous allons.
Nous savons la nuit étoilée, enfouie dans le sable, enfouie en nous.
Nous avançons vers l'adieu. Je marche encore pour oublier la démesure.
Les dunes nous offrent le réconfort de leurs poussières d'or et de lumière.
Ce soir, nous sommes dans la famille de Lella, heureux et fier de me présenter les siens, qu'il retrouve au gré de ses déplacements. Ses deux sœurs sont belles, élancées, pleines de grâce et de douceur. Les enfants courent et viennent à ma rencontre. Sa mère, sans âge, toute de noir vêtue, prépare le repas. Nous bavardons, nous rions. Je suis des leurs.
Grand vide en moi. Sable éteint. Mes yeux capturent les étoiles.
Je sais la fin du voyage.
A l'orée du jour, nos pas foulent de nouveau les pierres. J'accorde mes pas à ceux des chameliers, vers une autre vie. Mon dernier jour.
L'aurore est intacte. J'ai changé.
Une dernière fois, mes amis chantent le désert.
Leur empreinte est en moi. Ils sont diamant car ils portent l'éclat de la vraie vie en eux. Ils sont richesse car ils aiment simplement, donnent simplement, parce qu'ils sont paix.
Je quitte mon habit d'amour et de passion. Le chèche est devenu vent.
J'ai le goût du sable sur les lèvres.
Sourire pour nous réconforter.
Ils me savent nomade. Ils me savent désert.
Vie poésie. Ma vie rime avec le sable.
Je quitte le désert; je quitte mes amis. Je suis leur amie. Ils existent en moi, profondément. Ils continueront à me faire vivre dans chaque goutte de silence, dans chaque nuit étoilée.
Je découvre le besoin et le manque de mes amis pour communiquer avec ma vie.
Nos yeux sont la promesse de retrouvailles où nos pas nous entraîneront encore plus loin. Le temps n'existe pas dans le désert; je reviens déjà.
Les yeux volent les dernières dunes, les dernières pierres. Je suis solitude.
… Chinguetti …
Dans l'embrasure de la porte, djellaba bleue et chèche noir.
Leur regard en moi.
Ils ne sont plus.
Je suis silence, nourrie seulement de désert.
Regard en arrière; c'est mon seul passé.
Je me suis perdue dans le grand vent du désert.
Le désert pour me dessiner et m'inventer.
Le désert pour me chanter et m'aimer.
Le désert pour entendre mon silence.
L'auberge est calme; je suis la seule cliente. Je reste sur la terrasse à entendre les murmures de Chinguetti, à me perdre dans les souvenirs.
Nuit sans sommeil à l'écoute du désert qui se perd loin de moi. Les braises ont déserté la nuit; les étoiles sont mortes. Mes pensées sont nouées dans la mémoire du vent.
Je suis ailleurs, dans la galaxie des étoiles, dans la mouvance des dunes, dans l'errance du nomade.
… Aéroport … chaleur … foule …
Je suis de retour …
Les autres me diront si mon âme a changé.
Je leur dirai la solitude intérieure, le feu des yeux qui brûle pour le néant, le chant du corps quand il fait l'amour avec l'immensité.
Je leur dirai l'infini des dunes et leur sensualité, la douce caresse du vent sur la peau, la voix qui murmure la prière.
Je leur dirai les légendes et les mirages du sable, le regard du nomade et son langage du cœur.
Mes yeux parleront; ils sauront.
Je suis rentrée dans le monde. Il n'y a rien à la mesure de ma démesure.
J'ai froid.
J'erre dans la nuit étoilée.
Mes pieds sont abîmés de trop de pierres, de sables, d'épines d'acacia, de soleil et de pas.
Je vais; sans mot, nous marchons. Muets, nous allons.
Nous savons la nuit étoilée, enfouie dans le sable, enfouie en nous.
Nous avançons vers l'adieu. Je marche encore pour oublier la démesure.
Les dunes nous offrent le réconfort de leurs poussières d'or et de lumière.
Ce soir, nous sommes dans la famille de Lella, heureux et fier de me présenter les siens, qu'il retrouve au gré de ses déplacements. Ses deux sœurs sont belles, élancées, pleines de grâce et de douceur. Les enfants courent et viennent à ma rencontre. Sa mère, sans âge, toute de noir vêtue, prépare le repas. Nous bavardons, nous rions. Je suis des leurs.
Grand vide en moi. Sable éteint. Mes yeux capturent les étoiles.
Je sais la fin du voyage.
A l'orée du jour, nos pas foulent de nouveau les pierres. J'accorde mes pas à ceux des chameliers, vers une autre vie. Mon dernier jour.
L'aurore est intacte. J'ai changé.
Une dernière fois, mes amis chantent le désert.
Leur empreinte est en moi. Ils sont diamant car ils portent l'éclat de la vraie vie en eux. Ils sont richesse car ils aiment simplement, donnent simplement, parce qu'ils sont paix.
Je quitte mon habit d'amour et de passion. Le chèche est devenu vent.
J'ai le goût du sable sur les lèvres.
Sourire pour nous réconforter.
Ils me savent nomade. Ils me savent désert.
Vie poésie. Ma vie rime avec le sable.
Je quitte le désert; je quitte mes amis. Je suis leur amie. Ils existent en moi, profondément. Ils continueront à me faire vivre dans chaque goutte de silence, dans chaque nuit étoilée.
Je découvre le besoin et le manque de mes amis pour communiquer avec ma vie.
Nos yeux sont la promesse de retrouvailles où nos pas nous entraîneront encore plus loin. Le temps n'existe pas dans le désert; je reviens déjà.
Les yeux volent les dernières dunes, les dernières pierres. Je suis solitude.
… Chinguetti …
Dans l'embrasure de la porte, djellaba bleue et chèche noir.
Leur regard en moi.
Ils ne sont plus.
Je suis silence, nourrie seulement de désert.
Regard en arrière; c'est mon seul passé.
Je me suis perdue dans le grand vent du désert.
Le désert pour me dessiner et m'inventer.
Le désert pour me chanter et m'aimer.
Le désert pour entendre mon silence.
L'auberge est calme; je suis la seule cliente. Je reste sur la terrasse à entendre les murmures de Chinguetti, à me perdre dans les souvenirs.
Nuit sans sommeil à l'écoute du désert qui se perd loin de moi. Les braises ont déserté la nuit; les étoiles sont mortes. Mes pensées sont nouées dans la mémoire du vent.
Je suis ailleurs, dans la galaxie des étoiles, dans la mouvance des dunes, dans l'errance du nomade.
… Aéroport … chaleur … foule …
Je suis de retour …
Les autres me diront si mon âme a changé.
Je leur dirai la solitude intérieure, le feu des yeux qui brûle pour le néant, le chant du corps quand il fait l'amour avec l'immensité.
Je leur dirai l'infini des dunes et leur sensualité, la douce caresse du vent sur la peau, la voix qui murmure la prière.
Je leur dirai les légendes et les mirages du sable, le regard du nomade et son langage du cœur.
Mes yeux parleront; ils sauront.
Je suis rentrée dans le monde. Il n'y a rien à la mesure de ma démesure.
J'ai froid.
J'erre dans la nuit étoilée.