J’aborde l’autre parcours, pleine d’énergie, car le désert se fait indulgent et lumineux, comme pour mieux m’ensorceler. Encore quelques pierres pour me sevrer doucement avant de plonger dans les grands ergs de Timinit.
J’ai supplié le ciel de m’offrir des dunes quand je galérais dans le reg et je suis exaucée : une multitude de courbes légères, sublimes, majestueuses m’encerclant pour me réconcilier avec les sables ; des ondulations fragiles dansant avec l’astre du jour ; des teintes limpides et blondes pour mériter le nom de « vallée blanche » ; des circonvolutions couleur soleil m’étreignant paisiblement ; des ondes de sable, immenses et aériennes épousant le ciel ; des volutes de poussières dorées s’évanouissant dans l’envol des chèches sous le souffle du vent … et des pas qui marchent au gré de la liberté, au creux du rien.
Un rien comme une caresse sur la peau, une harmonie de sons couleur silence qui se balance de dune en dune, et qui se noie dans la plénitude des sens ; un rien comme une lumière étincelante sur un désert aveuglant de beauté ; un rien plein de sensualité qui dessine les arabesques de l’amour ; un rien comme une immatérialité entêtante sur la danse de la vie ; un rien comme l’apaisement après la tempête, qui effleure l’onde de vie nimbée de puissance féconde ; un rien comme une étreinte solitude nouée aux racines minérales ; un rien humilité comme apprentissage de la vie.
Je me suis séparée de hier, des pierres, pour m’assoupir dans le ventre des dunes. Revenir d’un désert pour revenir au désert, m’enfonçant dans le royaume des légendes et des soleils couchants.
Timinit, Maden, Chatou … les noms chantent de crête en crête. Eblouissement des couleurs ocre, or, blanches et pures, comme des voiles de lumière sur un océan de dunes rougissantes et dorées.
Eclatement sur l’inoubliable, inaccessible démesure cristalline comme une ode à la création.
Mythique désert qui m’offre le paradis, jonché de jardins et de palmeraies.
Somptueux contrastes dont je ne peux détacher le regard, avide de comprendre la nature et les « pourquoi » face à de tels lieux.
Les jours naissent et meurent au milieu des sables et du silence. Nos pas sont feutrés et caressent les dunes pour mieux les aimer. Les bivouacs retrouvent la vérité des cieux, inondés d’étoiles filantes et de constellations. Mes deux amis chameliers chantent le désert, Dieu, l’Amour. Comme ils sont loin de toutes les considérations que nous côtoyons chez nous … loin de ce qui fait mal, de ce qui n’est pas la vraie vie. Ils vivent au rythme du soleil, de la générosité du repas partagé, des rires autour du feu, des prières solitaires ou avec d’autres nomades, des marches interminables et des feux, symboles de complicité et de bien-être.
Tout est intimement noué dans l’espace-temps, dans l’espace-liberté, dans l’espace-infini.
Je marche au diapason de cette vie, sans fard et sans superflu ; je marche, solitaire et pleine de toutes ces richesses. Oui, c’est ça : je suis riche, immensément riche de sérénité et de paix. L’aura du désert me fait riche de mille sensations, de mille perceptions. Oui, je suis riche de « rien », qui ne se compte pas en euro, qui ne peut se monnayer sur aucun marché boursier. Je suis riche de plénitude et de compréhension.
Comment expliquer que l’on peut être heureux en marchant dans un monde qui n’offre rien en monnaie trébuchante mais qui donne tout ? Comment expliquer ?
Peut-être y a-t-il ici plus qu’ailleurs la notion de partage, non pas un mot théorique et vide de sens, mais vécu quotidiennement dans chaque acte, à chaque instant : ce partage dans l’écoute de l’autre quand les salutations s’éternisent pour demander des nouvelles de la santé, de la famille, du village, dans l’aide apportée autour du puits, dans le repas ou le thé offert à tout hôte émergeant de nulle part, sans poser de question, dans l’attention muette accordée à chacun … D’un seul coup d’œil, le nomade voit ce dont l’hôte a besoin et prévient sa demande. Le plus extraordinaire est le partage du silence, quand les nomades, après une rude journée de travail, se retrouvent autour du feu et écoutent, ensemble, dans une communion profonde et paisible, la solitude du désert. Imperceptible, mais ô combien présent, ce partage dans la douceur des mots, dans la douceur des gestes, et surtout dans le silence qui nous enveloppe. Pas de bruit superflu … ils m’intègrent dans ce partage où je me fais silence dans le moindre mouvement, où j’acquiers au fil des jours, l’immobilité qui est la leur dans la contemplation du feu ou du soleil couchant. Les mains se tendent silencieusement pour donner le verre de thé ou les dattes. Religieusement, ils entendent le désert, les yeux baissés, goûtant au repos bien mérité. Je n’ai que le droit d’être heureuse, à l’écoute de leur partage perceptible dans chaque goutte de silence. Comme il est bon d’être ainsi, entourée de douceur et intégrée dans leur cercle qui s’ouvre naturellement à chaque nouvelle arrivée. Je suis riche de ce partage émotionnel intense et de bien-être paisible.
Je vais ainsi, partageant mon histoire, de palmeraie en campement, de dunes en oasis, de crépuscule en aurore, avec des nomades qui m’accueillent à bras ouverts et qui mettent tout en œuvre pour que je sois bien.
J’ai supplié le ciel de m’offrir des dunes quand je galérais dans le reg et je suis exaucée : une multitude de courbes légères, sublimes, majestueuses m’encerclant pour me réconcilier avec les sables ; des ondulations fragiles dansant avec l’astre du jour ; des teintes limpides et blondes pour mériter le nom de « vallée blanche » ; des circonvolutions couleur soleil m’étreignant paisiblement ; des ondes de sable, immenses et aériennes épousant le ciel ; des volutes de poussières dorées s’évanouissant dans l’envol des chèches sous le souffle du vent … et des pas qui marchent au gré de la liberté, au creux du rien.
Un rien comme une caresse sur la peau, une harmonie de sons couleur silence qui se balance de dune en dune, et qui se noie dans la plénitude des sens ; un rien comme une lumière étincelante sur un désert aveuglant de beauté ; un rien plein de sensualité qui dessine les arabesques de l’amour ; un rien comme une immatérialité entêtante sur la danse de la vie ; un rien comme l’apaisement après la tempête, qui effleure l’onde de vie nimbée de puissance féconde ; un rien comme une étreinte solitude nouée aux racines minérales ; un rien humilité comme apprentissage de la vie.
Je me suis séparée de hier, des pierres, pour m’assoupir dans le ventre des dunes. Revenir d’un désert pour revenir au désert, m’enfonçant dans le royaume des légendes et des soleils couchants.
Timinit, Maden, Chatou … les noms chantent de crête en crête. Eblouissement des couleurs ocre, or, blanches et pures, comme des voiles de lumière sur un océan de dunes rougissantes et dorées.
Eclatement sur l’inoubliable, inaccessible démesure cristalline comme une ode à la création.
Mythique désert qui m’offre le paradis, jonché de jardins et de palmeraies.
Somptueux contrastes dont je ne peux détacher le regard, avide de comprendre la nature et les « pourquoi » face à de tels lieux.
Les jours naissent et meurent au milieu des sables et du silence. Nos pas sont feutrés et caressent les dunes pour mieux les aimer. Les bivouacs retrouvent la vérité des cieux, inondés d’étoiles filantes et de constellations. Mes deux amis chameliers chantent le désert, Dieu, l’Amour. Comme ils sont loin de toutes les considérations que nous côtoyons chez nous … loin de ce qui fait mal, de ce qui n’est pas la vraie vie. Ils vivent au rythme du soleil, de la générosité du repas partagé, des rires autour du feu, des prières solitaires ou avec d’autres nomades, des marches interminables et des feux, symboles de complicité et de bien-être.
Tout est intimement noué dans l’espace-temps, dans l’espace-liberté, dans l’espace-infini.
Je marche au diapason de cette vie, sans fard et sans superflu ; je marche, solitaire et pleine de toutes ces richesses. Oui, c’est ça : je suis riche, immensément riche de sérénité et de paix. L’aura du désert me fait riche de mille sensations, de mille perceptions. Oui, je suis riche de « rien », qui ne se compte pas en euro, qui ne peut se monnayer sur aucun marché boursier. Je suis riche de plénitude et de compréhension.
Comment expliquer que l’on peut être heureux en marchant dans un monde qui n’offre rien en monnaie trébuchante mais qui donne tout ? Comment expliquer ?
Peut-être y a-t-il ici plus qu’ailleurs la notion de partage, non pas un mot théorique et vide de sens, mais vécu quotidiennement dans chaque acte, à chaque instant : ce partage dans l’écoute de l’autre quand les salutations s’éternisent pour demander des nouvelles de la santé, de la famille, du village, dans l’aide apportée autour du puits, dans le repas ou le thé offert à tout hôte émergeant de nulle part, sans poser de question, dans l’attention muette accordée à chacun … D’un seul coup d’œil, le nomade voit ce dont l’hôte a besoin et prévient sa demande. Le plus extraordinaire est le partage du silence, quand les nomades, après une rude journée de travail, se retrouvent autour du feu et écoutent, ensemble, dans une communion profonde et paisible, la solitude du désert. Imperceptible, mais ô combien présent, ce partage dans la douceur des mots, dans la douceur des gestes, et surtout dans le silence qui nous enveloppe. Pas de bruit superflu … ils m’intègrent dans ce partage où je me fais silence dans le moindre mouvement, où j’acquiers au fil des jours, l’immobilité qui est la leur dans la contemplation du feu ou du soleil couchant. Les mains se tendent silencieusement pour donner le verre de thé ou les dattes. Religieusement, ils entendent le désert, les yeux baissés, goûtant au repos bien mérité. Je n’ai que le droit d’être heureuse, à l’écoute de leur partage perceptible dans chaque goutte de silence. Comme il est bon d’être ainsi, entourée de douceur et intégrée dans leur cercle qui s’ouvre naturellement à chaque nouvelle arrivée. Je suis riche de ce partage émotionnel intense et de bien-être paisible.
Je vais ainsi, partageant mon histoire, de palmeraie en campement, de dunes en oasis, de crépuscule en aurore, avec des nomades qui m’accueillent à bras ouverts et qui mettent tout en œuvre pour que je sois bien.